« Les bonnes mœurs, repartit l’autre roi, d’un ton fâché et amer : à qui donc voulons-nous échapper, si ce n’est aux « bonnes mœurs », à notre « bonne société » ?
(Ainsi parlait Zarathoustra, quatrième partie, entretien avec les rois)
Je fais bien sûr partie de ceux qui regrettent la monarchie en France. Les 250 dernières années ont fait de la France « la terre du fiasco récurrent » (Reed). Tout ce qu’on peut aimer en France, tout ce qu’y aiment nos touristes chinois nous vient de nos rois. Le reste, Beaubourg, Les Halles, les attentats vient des présidents.
La monarchie tomba comme un fruit mûr et je n’ai jamais été maurrassien (loin s’en faut) et je pense qu’il ne faut pas la regretter, au vu notamment de ce qui s’est passé chez nos voisins. Il faudrait faire un grand bond dans le temps pour se retrouver chez saint Louis, parce que sinon…
Dans Zarathoustra on lit déjà :
« Le dégoût qui m’étouffe, parce que nous autres rois nous sommes devenus faux nous-mêmes, drapés et déguisés par le faste vieilli de nos ancêtres, médailles d’apparat pour les plus bêtes et les plus rusés et pour tous ceux qui font aujourd’hui de l’usure avec la puissance ! »
C’est le cirque des « déchets dynastiques » (Rebatet) qui nous mènerait à la guerre…
Et cinquante ans avant Toussenel, écœuré par la monarchie de juillet, observe :
« La loi électorale est la véritable charte de la liberté chez tous les peuples; la Restauration fit une loi électorale qui fixa le cens d’éligibilité à mille francs, et qui accorda à tous les électeurs payant ce cens le droit de voter deux fois. Jamais le droit de l’argent n’avait été reconnu par la loi d’une manière aussi insolente.
Il s’agissait après cela de concentrer entre les mains des amis du pouvoir les moyens d’arriver à la richesse représentée par cette contribution de mille francs. »
Toussenel poursuit sur cette monarchie ploutocratique (après, certains s’étonnent…) :
« Un Allemand écrivait naguère : « Il y a quinze ans que le roi Louis-Philippe sert de paratonnerre révolutionnaire à ces marchands d’écus qui règnent et gouvernent en France… Eh bien! qu’on fasse entendre à tous ces bourgeois gorgés d’or, qu’ils gagneraient seulement demi pour cent à échanger leur roi constitutionnel contre un président de république, l’échange aurait lieu dès demain… Cet Allemand-là connaissait bien la France. »
On déclarera avec Thiers que la république est le gouvernement légal de la France ; fin des haricots et grand début des radicaux !
La monarchie alors, et Nietzsche l’a bien compris, devrait devenir en fait un beau rêve réservé aux hommes supérieurs, aux anarchistes de droite :
« Avec le glaive de cette parole tu tranches la plus profonde obscurité de nos cœurs. Tu as découvert notre détresse. Car voici ! Nous sommes en route pour trouver l’homme supérieur – l’homme qui nous est supérieur : bien que nous soyons des rois. »
Nietzsche ajoute qu’il faudra savoir attendre (Warten-können).