Jean Baudrillard et la phrase la plus importante du monde : « L’avènement du virtuel lui-même est notre apocalypse, et il nous prive de l’évènement réel de l’apocalypse. »

« Le virtuel nous prive de notre apocalypse »

Le moins que l’on puisse dire pour le moment c’est qu’il nous prive de notre prise de conscience par rapport au coup d’Etat mondial et au Grand Reset. Les foules cliquent et même quand elles ronchonnent comme nous elles ne sont guère dangereuses. C’est en ce sens que nous estimons que Baudrillard dit superbement que le virtuel nous prive de notre réaction à l’apocalypse.

Un lien sur son dialogue avec JP Petit (le paroxyste indifférent, p. 46-47) :

« Paul Virilio, qui est plus chrétien que vous, pense que les intellectuels ont le devoir de résister aux formes mondiales de domination. Ils sont, dit-il, dans la posture des peintres qui ont résisté à la photographie au siècle dernier. N’êtes-vous pas à votre manière un résistant qui attend de passer à l’offensive ? J.B.: Nous avons longtemps travaillé ensemble, avec Virilio, en toute complicité, et sans aucun problème. Je n’avais pas vu affleurer à l’époque son christianisme. Cela me surprend, car ses livres démentent la possibilité même d’une morale de résistance. Son analyse du cybermonde est intransigeante, inexorable, fatale si j’ose dire, je la trouve remarquable et très belle. Mais je ne crois pas à ce qu’il y oppose. J’espère que lui y croit.

Il se place en position apocalyptique, de prophète anti-apocalyptique tout en étant persuadé que le pire peut advenir. Sur ce point, on a fini par diverger. Car, je ne crois pas à cette apocalypse réelle. Je ne crois pas au réalisme de toute façon, ni à une échéance linéaire de l’apocalypse. À la limite, si l’on pouvait espérer cet accident total, il n’y aurait qu’à le précipiter, il ne faudrait pas y résister. L’avènement du virtuel lui-même est notre apocalypse, et il nous prive de l’évènement réel de l’apocalypse. Mais telle est notre situation paradoxale, il faut aller jusqu’au bout du paradoxe. Virilio le fait d’ailleurs, tout en se réservant une ligne de repli… »

Trop habité par ce mirage que rien n’existe ou mort trop tôt pour voir le cauchemar numérique des mondialistes à l’oeuvre, Baudrillard ne penserait peut-être pas comme cela aujourd’hui. Le virtuel nous prive de notre réaction, de notre protestation et de notre mobilisation. Il nous  liquide, y compris au sens de Bauman. Mais il n’empêchera pas l’Apocalypse de se produire, pour qui a été écrite la sentence numérique du nombre de la bête. De ce point de vue nous sommes très mal barrés.

Rappelons que la cybernétique désigne en grec l’art de barrer – un bateau justement.

Pour ceux que rebute ce style élitiste, rappelons ces sages remarques de notre chroniqueuse Jenny : ” Il ne se passera rien du côté du « peuple ». Si demain les frigos se vident le bel Etat providence fournira la pâtée, RAS. Spectacle fascinant ce matin, 7h, devant l’arrêt de bus du 326 « déchargeant » matutinalement un troupeau de laborieux de tous âges et toutes origines et d’étudiants (en tout une bonne trentaine de têtes) : tous, je dis bien tous, avaient à la main leur portable, les yeux rivés dessus, tête penchée. Cette impossibilité à demeurer une seconde avec soi-même sonne pour moi le glas de toute possibilité de réaction du « peuple ». C’est mort. Qu’on s’y fasse “.

Autrement dit d’un côté on est informé pour se révolter. De l’autre  on est désarmé pour réagir. Ce ne sont pas les armes que les révolutionnaires devraient confisquer au troupeau : c’est son smartphone. Allez, gardons le moral :

” Fais sortir le peuple aveugle qui a des yeux, et les sourds qui ont des oreilles ” (Isaïe, 43, 8).

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