« Ce qui est pire c’est qu’on se demande comment le lendemain on trouvera assez de force pour continuer à faire ce qu’on a fait la veille et depuis déjà tellement trop longtemps, où on trouvera la force pour ces démarches imbéciles, ces mille projets qui n’aboutissent à rien, ces tentatives pour sortir de l’accablante nécessité, tentatives qui toujours avortent, et toutes pour aller se convaincre une fois de plus que le destin est insurmontable, qu’il faut retomber au bas de la muraille, chaque soir, sous l’angoisse de ce lendemain, toujours plus précaire, plus sordide. C’est l’âge aussi qui vient peut-être, le traître, et nous menace du pire. On n’a plus beaucoup de musique en soi pour faire danser la vie, voilà. Toute la jeunesse est allée mourir déjà au bout du monde dans le silence de vérité. Et où aller dehors, je vous le demande, dès qu’on a plus en soi la somme suffisante de délire ? La vérité, c’est une agonie qui n’en finit pas. La vérité de ce monde c’est la mort. Il faut choisir, mourir ou mentir. Je n’ai jamais pu me tuer moi. Le mieux était donc de sortir dans la rue, ce petit suicide (Céline). » Merci à Edouard Hopper.

Voyage, p. 135

4 réflexions sur « « Ce qui est pire c’est qu’on se demande comment le lendemain on trouvera assez de force pour continuer à faire ce qu’on a fait la veille et depuis déjà tellement trop longtemps, où on trouvera la force pour ces démarches imbéciles, ces mille projets qui n’aboutissent à rien, ces tentatives pour sortir de l’accablante nécessité, tentatives qui toujours avortent, et toutes pour aller se convaincre une fois de plus que le destin est insurmontable, qu’il faut retomber au bas de la muraille, chaque soir, sous l’angoisse de ce lendemain, toujours plus précaire, plus sordide. C’est l’âge aussi qui vient peut-être, le traître, et nous menace du pire. On n’a plus beaucoup de musique en soi pour faire danser la vie, voilà. Toute la jeunesse est allée mourir déjà au bout du monde dans le silence de vérité. Et où aller dehors, je vous le demande, dès qu’on a plus en soi la somme suffisante de délire ? La vérité, c’est une agonie qui n’en finit pas. La vérité de ce monde c’est la mort. Il faut choisir, mourir ou mentir. Je n’ai jamais pu me tuer moi. Le mieux était donc de sortir dans la rue, ce petit suicide (Céline). » Merci à Edouard Hopper. »

  1. je reste sans mot devant ce superbe texte de Céline car il décrit parfaitement ce que je suis obligé de « vivre » ou plus exactement de subir depuis trop d’années! mais sortir dans la rue ne me soulage presque plus !

    courage à tous et toutes

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  2. j’ai beaucoup aimé lire ce « cioran » iranien , mais c’est comme la rue cela ne me soulage plus

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Sadegh_Hedayat

    https://www.babelio.com/auteur/Sadegh-Hedayat/5357/citations

    La Chouette aveugle
    Sadegh Hedayat

    Tout ce que je ressens, tout ce que je vois et tout ce que j’évalue, n’est-ce pas un songe inconciliable avec la réalité ?

    Hâdji Aghâ
    Sadegh Hedayat

    Il faut tenir le peuple dans la faim, le besoin, l’ignorance et la superstition afin qu’il nous obéisse (…). Notre devoir est d’entretenir la stupidité de la masse pour qu’elle s’en prenne à elle-même et qu’elle se déchire elle-même.

    Madame Alavieh
    Sadegh Hedayat

    « N’est-il pas dommage qu’au nom des biens de ce monde, on balance son âme au feu? »

    Les chants d’Omar Khayam
    Sadegh Hedayat

    IL N’Y RIEN

    135
    Tu n’as pas aujourd’hui de prise sur demain,
    Mais y songer c’est se donner l’esprit chagrin.
    Ne gâche pas l’instant tandis que ton cœur veille :
    Ce qui te reste à vivre est encore incertain.

    Enterré vivant
    Sadegh Hedayat

    Et maintenant je ne vis ni ne dors; je n’aime rien, je ne hais rien. J’ai fait la connaissance de la mort et je me suis familiarisé avec elle; elle est mon unique amie, la seule chose qui me console.Je me rappelle le cimetière Montparnasse: je n’envie plus les morts; je fais partie de leur monde; je suis avec eux, je suis un enterré vivant…(p.75)

    La Chouette aveugle
    Sadegh Hedayat

    En de telles conjonctures, chacun cherche refuge dans une habitude solidement enracinée, une manie: le buveur boit, l’écrivain écrit, le sculpteur sculpte, bref, chacun a recours, pour mettre fin à son tourment, au mobile le plus puissant de sa vie, et c’est alors qu’un véritable artiste peut tirer de lui-même des chefs-d’œuvre. Mais moi, moi qui n’avais aucun talent, moi, misérable décorateur de cuirs d’écritoires, que pouvais-je faire?

    La Chouette aveugle
    Sadegh Hedayat

    Il est des plaies qui, pareilles à la lèpre, rongent l’âme, lentement, dans la solitude. Ce sont des maux dont on ne peut s’ouvrir à personne.

    La Chouette aveugle
    Sadegh Hedayat

    Durant tout notre séjour sur terre, la mort nous fait signe de venir à elle. Chacun de nous ne tombe-t-il pas, par moments, dans des rêveries sans cause, qui l’absorbent au point de lui faire perdre toute notion du temps et de l’espace ? On ne sait même pas à quoi on pense mais, quand c’est fini, il faut faire effort pour reprendre conscience de soi-même et du monde extérieur. C’est encore l’appel de la mort.

    La Chouette aveugle
    Sadegh Hedayat

    J’ai écrit «poison», je voulais dire, plutôt, que j’ai toujours porté cette cicatrice en moi et qu’à jamais j’en resterai marqué.

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