René Guénon et le caractère hallucinatoire de notre civilisation : « …si l’on veut prendre les mêmes mots dans un sens absolu, ils ne correspondent plus à aucune réalité, et c’est justement alors qu’ils représentent ces idées nouvelles qui n’ont cours que moins de deux siècles, et dans le seul Occident. Certes, « le Progrès » et « la Civilisation », avec des majuscules, cela peut faire un excellent effet dans certaines phrases aussi creuses que déclamatoires, très propres à impressionner la foule pour qui la parole sert moins à exprimer la pensée qu’à suppléer à son absence ; à ce titre, cela joue un rôle des plus importants dans l’arsenal de formules dont les « dirigeants » contemporains se servent pour accomplir la singulière œuvre de suggestion collective sans laquelle la mentalité spécifiquement moderne ne saurait subsister bien longtemps (Orient et Occident)…

Il est évident que nous vivons sous hypnose : abrutissement médiatique/pédagogique, journaux, actus en bandeaux, « tout m’afflige et me nuit, et conspire à me nuire. » Mais cette hypnose est ancienne et explique aussi bien l’ère d’un Cromwell que celle d’un Robespierre ou d’un Luther-Calvin. L’occident est malade depuis plus longtemps que la télé…O Gutenberg…

Je redécouvre des pages de Guénon en relisant Orient et Occident. Il y dénonce le caractère fictif de la notion de civilisation ; puis son caractère hallucinatoire à notre civilisation ; enfin son racisme et son intolérance permanentes (sus aux jaunes ou aux musulmans, dont les pays – voyez le classement des pays par meurtre sur Wikipédia – sont les moins violents au monde). Problème : cette anticivilisation dont les conservateurs se repaissent, est la fois destructrice et suicidaire. Exemple : on détruit des dizaines de pays ou des styles de vie pour se faire plus vite remplacer physiquement (puisque métaphysiquement nous sommes déjà zombis)…

Voyons Guénon :

« La vie des mots n’est pas indépendante de la vie des idées. Le mot de civilisation, dont nos ancêtres se passaient fort bien, peut-être parce qu’ils avaient la chose, s’est répandu au XIXe siècle sous l’influence d’idées nouvelles…Ainsi, ces deux idées de « civilisation » et de « progrès », qui sont fort étroitement associées, ne datent l’une et l’autre que de la seconde moitié du XVIIIe siècle, c’est-à-dire de l’époque qui, entre autres choses, vit naître aussi le matérialisme; et elles furent surtout propagées et popularisées par les rêveurs socialistes du début du XIXe siècle.»

Guénon pense comme le Valéry de Regards (1) que l’histoire est une science truquée servant des agendas :

« L’histoire vraie peut être dangereuse pour certains intérêts politiques ; et on est en droit de se demander si ce n’est pas pour cette raison que certaines méthodes, en ce domaine, sont imposées officiellement à l’exclusion de toutes les autres : consciemment ou non, on écarte a priori tout ce qui permettrait de voir clair en bien des choses, et c’est ainsi que se forme l’« opinion publique ».

Puis il  fait le procès de nos grands mots (comme disait Céline : le latin, le latinisant en particulier est abruti par les mots), les mots à majuscule du monde moderne :

« …si l’on veut prendre les mêmes mots dans un sens absolu, ils ne correspondent plus à aucune réalité, et c’est justement alors qu’ils représentent ces idées nouvelles qui n’ont cours que moins de deux siècles, et dans le seul Occident. Certes, « le Progrès » et « la Civilisation », avec des majuscules, cela peut faire un excellent effet dans certaines phrases aussi creuses que déclamatoires, très propres à impressionner la foule pour qui la parole sert moins à exprimer la pensée qu’à suppléer à son absence ; à ce titre, cela joue un rôle des plus importants dans l’arsenal de formules dont les « dirigeants » contemporains se servent pour accomplir la singulière œuvre de suggestion collective sans laquelle la mentalité spécifiquement moderne ne saurait subsister bien longtemps. »

Il a évoqué la suggestion comme Gustave Le Bon…

«  À cet égard, nous ne croyons pas qu’on ait jamais remarqué suffisamment l’analogie, pourtant frappante, que l’action de l’orateur, notamment, présente avec celle de l’hypnotiseur (et celle du dompteur est également du même ordre) ; nous signalons en passant ce sujet d’études à l’attention des psychologues. Sans doute, le pouvoir des mots s’est déjà exercé plus ou moins en d’autres temps que le nôtre ; mais ce dont on n’a pas d’exemple, c’est cette gigantesque hallucination collective par laquelle toute une partie de l’humanité en est arrivée à prendre les plus vaines chimères pour d’incontestables réalités ; et, parmi ces idoles de l’esprit moderne, celles que nous dénonçons présentement sont peut-être les plus pernicieuses de toutes. »

A l’époque moderne, le mot devient une idole. TS Eliot en parle aussi dans un poème célèbre, les chorus :

Words that have taken the place of thoughts and feelings…

La science ne nous sauve en rien, bien au contraire. Autre nom à majuscule, elle sert aussi notre mise en hypnose (pour René Guénon, aucun mot à particule n’a de sens sérieux, et il est important de le noter) :

« La civilisation occidentale moderne a, entre autres prétentions, celle d’être éminemment « scientifique » ; il serait bon de préciser un peu comment on entend ce mot, mais c’est ce qu’on ne fait pas d’ordinaire, car il est du nombre de ceux auxquels nos contemporains semblent attacher une sorte de pouvoir mystérieux, indépendamment de leur sens. La « Science », avec une majuscule, comme le « Progrès » et la « Civilisation », comme le « Droit », la « Justice » et la « Liberté », est encore une de ces entités qu’il faut mieux ne pas chercher à définir, et qui risquent de perdre tout leur prestige dès qu’on les examine d’un peu trop près. »

Le mot est une suggestion (repensez à la psychologie des foules de Le Bon) :

« Toutes les soi-disant « conquêtes » dont le monde moderne est si fier se réduisent ainsi à de grands mots derrière lesquels il n’y a rien ou pas grand-chose : suggestion collective, avons-nous dit, illusion qui, pour être partagée par tant d’individus et pour se maintenir comme elle le fait, ne saurait être spontanée ; peut-être essaierons-nous quelque jour d’éclaircir un peu ce côté de la question. »

Et le vocable reste imprécis, s’il est idolâtré :

« …nous constatons seulement que l’Occident actuel croit aux idées que nous venons de dire, si tant est que l’on puisse appeler cela des idées, de quelque façon que cette croyance lui soit venue. Ce ne sont pas vraiment des idées, car beaucoup de ceux qui prononcent ces mots avec le plus de conviction n’ont dans la pensée rien de bien net qui y corresponde ; au fond, il n’y a là, dans la plupart des cas, que l’expression, on pourrait même dire la personnification, d’aspirations sentimentales plus ou moins vagues. Ce sont de véritables idoles, les divinités d’une sorte de « religion laïque » qui n’est pas nettement définie, sans doute, et qui ne peut pas l’être, mais qui n’en a pas moins une existence très réelle : ce n’est pas de la religion au sens propre du mot, mais c’est ce qui prétend s’y substituer, et qui mériterait mieux d’être appelé « contre-religion ».

L’hystérie occidentale, européenne ou américaine, est violente et permanente (en ce moment russophobie, Afghanistan, Syrie, Irak, Venezuela, Libye, etc.). Elle repose sur le sentimentalisme ou sur l’humanitarisme :

« De toutes les superstitions prêchées par ceux-là mêmes qui font profession de déclamer à tout propos contre la « superstition », celle de la « science » et de la « raison » est la seule qui ne semble pas, à première vue, reposer sur une base sentimentale ; mais il y a parfois un rationalisme qui n’est que du sentimentalisme déguisé, comme ne le prouve que trop la passion qu’y apportent ses partisans, la haine dont ils témoignent contre tout ce qui contrarie leurs tendances ou dépasse leur compréhension. »

 Le mot haine est important ici, qui reflète cette instabilité ontologique, et qui au nom de l’humanisme justifie toutes les sanctions et toutes les violences guerrières.  Guénon ajoute sur l’islamophobie :

« …ceux qui sont incapables de distinguer entre les différent domaines croiraient faussement à une concurrence sur le terrain religieux ; et il y a certainement, dans la masse occidentale (où nous comprenons la plupart des pseudo-intellectuels), beaucoup plus de haine à l’égard de tout ce qui est islamique qu’en ce qui concerne le reste de l’Orient. »

Et sur la haine antichinoise :

« Ceux mêmes d’entre les Orientaux qui passent pour être le plus fermés à tout ce qui est étranger, les Chinois, par exemple, verraient sans répugnance des Européens venir individuellement s’établir chez eux pour y faire du commerce, s’ils ne savaient trop bien, pour en avoir fait la triste expérience, à quoi ils s’exposent en les laissant faire, et quels empiétements sont bientôt la conséquence de ce qui, au début, semblait le plus inoffensif. Les Chinois sont le peuple le plus profondément pacifique qui existe… »

Sur le péril jaune alors mis à la mode par Guillaume II :

« …rien ne saurait être plus ridicule que la chimérique terreur du « péril jaune », inventé jadis par Guillaume II, qui le symbolisa même dans un de ces tableaux à prétentions mystiques qu’il se plaisait à peindre pour occuper ses loisirs ; il faut toute l’ignorance de la plupart des Occidentaux, et leur incapacité à concevoir combien les autres hommes sont différents d’eux, pour en arriver à s’imaginer le peuple chinois se levant en armes pour marcher à la conquête de l’Europe… »

Guénon annonce même dans la deuxième partie de son livre le « grand remplacement » de la population occidentale ignoré par les hypnotisés et plastronné par les terrorisés :

« …les peuples européens, sans doute parce qu’ils sont formés d’éléments hétérogènes et ne constituent pas une race à proprement parler, sont ceux dont les caractères ethniques sont les moins stables et disparaissent le plus rapidement en se mêlant à d’autres races ; partout où il se produit de tels mélanges, c’est toujours l’Occidental qui est absorbé, bien loin de pouvoir absorber les autres. »

A la même époque de nombreux écrivains (Chesterton, Yeats, Céline, Madison Grant ou Scott Fitzgerald en Amérique) pressentent/constatent aussi le déclin quantitatif de la population en occident. Guénon semble par contre avoir surestimé la résilience orientale au smartphone et au béton, à la télé et au shopping-center… Sans oublier Hollywood, le tabac et le chewing-gum. Mais on ne se refera pas.

Concluons : notre bel et increvable occident est toujours aussi belliqueux, destructeur et autoritaire ; mais il est en même temps humanitaire, pleurnichard, écolo, mal dans sa peau, torturé, suicidaire, niant histoire, racines, polarité sexuelle… De ce point de vue on est bien dans une répugnante continuité de puissance hallucinée fonctionnant sous hypnose (relisez dans ce sens la Galaxie Gutenberg qui explique comment l’imprimerie nous aura altérés), et Guénon l’aura rappelé avec une sévère maîtrise…

Note 

(1) Valéry : « L’Histoire est le produit le plus dangereux que la chimie de l’intellect ait élaboré. Ses propriétés sont bien connues. Il fait rêver, il enivre les peuples, leur engendre de faux souvenirs, exagère leurs réflexes, entretient leurs vieilles plaies, les tourmente dans leur repos, les conduit au délire des grandeurs ou à celui de la persécution, et rend les nations amères, superbes, insupportables et vaines… L’Histoire justifie ce que l’on veut. Elle n’enseigne rigoureusement rien, car elle contient tout, et donne des exemples de tout. »

Sources 

René Guénon, Orient et occident, classiques.uqac.ca, pp.20-35

3 réflexions sur « René Guénon et le caractère hallucinatoire de notre civilisation : « …si l’on veut prendre les mêmes mots dans un sens absolu, ils ne correspondent plus à aucune réalité, et c’est justement alors qu’ils représentent ces idées nouvelles qui n’ont cours que moins de deux siècles, et dans le seul Occident. Certes, « le Progrès » et « la Civilisation », avec des majuscules, cela peut faire un excellent effet dans certaines phrases aussi creuses que déclamatoires, très propres à impressionner la foule pour qui la parole sert moins à exprimer la pensée qu’à suppléer à son absence ; à ce titre, cela joue un rôle des plus importants dans l’arsenal de formules dont les « dirigeants » contemporains se servent pour accomplir la singulière œuvre de suggestion collective sans laquelle la mentalité spécifiquement moderne ne saurait subsister bien longtemps (Orient et Occident)… »

  1. Since the beginning of recorded history men have lusted for control of their fellows – the impulse seemingly part of the makeup of the half-ape, half-angel we call human. Until modern times brute force, propaganda, and religion were the most successful methods for the manipulation of human beings, but by the turn of this century coercive methodology had advanced far beyond the sword, the inflammatory slogan, and the stick and carrot of heaven and hell. Now, in the 20th century, scientists in the pay of governments and other monied interests have made technical breakthroughs that render actual mind control feasible, and on a nigh-universal scale. Invasive control techniques have been fine-tuned to the point where the controllers are literally able to get inside our heads and to command us. They are able to tinker with our humanness, to manipulate it, to destroy it if they choose. They are able to use high tech networks of electronic entrainment and broadcasting whose nature has not even been hinted of in the mass media -since the mass media itself is employed in the same manner, for the manipulation of the populace. Even the subject of mind control in the media is mentioned only in the context of science fiction, or is derided as the delusions of the crazy « aluminum foil hat crowd, » never mind that those guys might be on to something. 

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  2. Combien d’exposés sont nécessaires, combien d’aveux sont nécessaires de la part des personnes impliquées pour commencer à avoir une vue d’ensemble ? Ou bien retombe-t-on directement, dès le lendemain, dans l’émotionnel « il a dit/il a dit » de la politique ? Hm ? Parce que tout n’est que drame, n’est-ce pas ? Nous n’avons jamais vu autant de drame aujourd’hui. Et c’est comme un feuilleton. Si vous avez remarqué, vous ne comprenez pas grand-chose à ce que font vraiment les gouvernements en matière de politiques et autres, parce qu’ils vous forment à un tout nouveau système, dans lequel vous n’êtes pas du tout impliqué. Avant, vous n’étiez pas impliqués, mais vous aviez au moins une idée de ce qui se passait dans certains domaines, pas 40 ou 50 % des choses que vous ne sauriez jamais, mais, dans certains domaines, ils devaient vous en parler. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. On vous propose des feuilletons à la place. Dans tous les pays. Dans tous les pays.

    Le chercheur de citations affirme qu’Albert Einstein ne nous a PAS donné cette célèbre citation sur la folie de la répétition des erreurs. Elle provient peut-être d’une réunion Al-Anon d’octobre 1981 à Knoxville, dans le Tennessee. « La folie, c'est de faire la même chose encore et encore et de s'attendre à des résultats différents.

    La deuxième meilleure réponse de l’enquêteur est ce qui a été trouvé dans une brochure imprimée par l’organisation Narcotiques Anonymes en novembre 1981. « La folie, c'est de répéter les mêmes erreurs et de s'attendre à des résultats différents. Carroll Quigley a écrit dans Tragedy and Hope que le Royal Institute of International Affairs (Chatham House) et sa branche américaine, le Council on Foreign Relations, sélectionnaient nos dirigeants depuis soixante ans à l'époque de la publication de ce livre (1966). Mais vous votez quand même.

    Un été, mes parents nous ont confiés, nous les enfants, à Mema pour quelques semaines. J’avais environ huit ou neuf ans et je n’appréciais pas vraiment d’être parqué devant la télévision, surtout pour regarder une émission sur les personnes âgées. Mais c’était une émission obligatoire chez Mema. Le lundi, une série d'acteurs était présentée et je voyais tous leurs petits problèmes. Puis, le mardi, une toute autre série d'acteurs a été présentée, avec tous leurs petits drames. Mercredi, le premier groupe de personnes était de retour, mais ce qui agaçait mon esprit enfantin et agité, c'est que mercredi, ces acteurs parlaient de ce qui les avait dérangés lundi. Il ne s'est presque rien passé. Le jeudi, les acteurs du mardi sont réapparus et, une fois de plus, il ne s'est rien passé. Pour faire plaisir à Mema, j'essayais de m'asseoir tranquillement, mais c'était un moment péniblement ennuyeux de chaque journée. L'année suivante, nous sommes tous retournés chez ma grand-mère, mais cette fois, mes parents étaient là aussi. Tout s'est arrêté pour Des jours et des vies. Un an plus tard, le drame semblait être au même endroit que lorsque je l'avais quitté. J'ai dit à ma mère : « Il ne s'est rien passé ! C'est exactement ce qu'ils faisaient il y a un an ! Je n'arrive pas à y croire ! » Mema m'a fait taire. Maman m'a serré le genou et je suis restée assise à regarder la télévision, totalement incrédule que des adultes puissent regarder de telles bêtises et, pire encore, en parler plus tard comme si c'était réel.

    Je me souviens toujours de cette brève excursion de mon enfance dans le monde du feuilleton lorsque je regarde ce qui nous est proposé de suivre. On nous propose des mélodrames avec des sujets émouvants. Les politiciens agitent leurs mains et promettent d’assécher le marais. Old Orange Hair a annoncé son retour sur le ring pour 2024. Cette semaine, le rappeur disgracié pour ses remarques et tweets antisémites a annoncé qu’il se présenterait lui aussi à la présidence des États-Unis. À l’heure où nous écrivons ces lignes, son directeur de campagne sera un personnage tout droit sorti de Central Casting, dont la disgrâce découle de son commentaire de 2017 selon lequel une relation entre un homme adulte et un adolescent pourrait être « bénéfique. » La marque de mode Balenciaga a coupé les liens avec le rappeur en disgrâce le mois dernier, mais elle se retrouve maintenant critiquée pour sa récente campagne publicitaire qui ressemble terriblement à de la pornographie infantile. Dommage que Old Orange Hair se présente contre « The Rapper Formerly Known As », car il pourrait donner au rappeur quelques conseils sur la manière de surmonter une mauvaise presse. Après tout, Old Orange Hair a survécu à cette vidéo dans laquelle il se vantait de tripoter des femmes sans leur consentement. Des jours et des vies.

    Il n’a pas déposé ses documents de campagne auprès de la Commission électorale fédérale.

    Biden se présentant pour les démocrates et Trump pour les républicains, Robert F. Kennedy Jr. a dû se contenter de se présenter en tant qu’indépendant. Nous avons tous vu ce qui lui donnait de la crédibilité dans certains milieux depuis quelques années. Il élargit son audience en évoquant avec bonheur l’assassinat de son oncle et en réfutant le récit du Lone Gunman. RFK Jr. va s’engager à divulguer des informations sur les OVNIs dès le premier jour de sa présidence.

    Je ne pourrais pas inventer tout cela, mais quelqu’un le fait. Pour chaque groupe de la société, dans chaque pays, de petits drames politiques se jouent. Un drame s’estompe, mais de nouveaux drames ont déjà commencé à se produire. Wag the dog est un terme politique qui désigne le fait de créer une diversion dans une situation potentiellement préjudiciable, généralement par l’utilisation de la force militaire. Le chien remue la queue, mais si la queue était plus intelligente, elle remuerait le chien. Notre cousine américaine est la pièce qu’Abraham Lincoln regardait au théâtre Ford en 1865 lorsqu’il a été assassiné par John Wilkes Booth. En 1871, dans une publication de la convention démocrate, il est fait référence à un personnage de cette pièce, Lord Dundreary :

    « Rappelant l’énigme de Lord Dundreary, l’Américain de Baltimore pense que si la convention de Cincinnati contrôlait le parti démocrate, ce serait la queue qui remuerait le chien ».

    le film Wag the Dog, sorti en 1997, montre jusqu’où une administration peut aller pour dissimuler une situation potentiellement scandaleuse. Mais en y réfléchissant davantage, je constate que le système politique lui-même est tout autant « la queue » que n’importe quel drame de diversion, qu’il soit produit par Hollywood ou non. Tant que nous n’admettrons pas que le chien et la queue ne font qu’un et que le but du chien et de sa queue est de nous empêcher d’identifier le maître du chien, nous sommes condamnés à rester éternellement assis devant la télévision de Mema, à regarder un feuilleton qui n’a pas de fin.

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