Si l’Allemagne est morte – et sans doute depuis longtemps – elle n’a cessé de hanter ma jeunesse attirée par les burgs, la nature, le Rhin, la musique et la philosophie. La courte vie culturelle de l’Allemagne (qui est surtout phénoménale à l’époque napoléonienne) a été interrompue par le prodigieux, inquiétant et méphitique développement industriel du pays, ce qui a nourri une réflexion intense sur l’origine et une nostalgie des âges et des temps anciens. En même temps une certaine modernité désira s’accaparer les trésors du passé, parfois en débouchant sur un désastre obscur. L’échec global de la modernité a été plus durement ressenti dans ce pays qu’ailleurs, et c’est sans doute ce qui motive le nihilisme actuel et cet affaissement ontologique absolu. La technique et sa fille bavarde la technologie sont venues à bout de l’arbre de la connaissance. Schiller avait raison déjà de pleurer les Grecs et ce déclin de la civilisation sensible dès la fin du dix-huitième siècle.
Le texte central de ce recueil d’articles publiés par Philippe Grasset (Dedefensa.org) et par notre ami Robert Steuckers est celui sur Kleist et le transhumanisme. Il est bien sûr extrait de Scènes de la vie des marionnettes. On le cite :
« …Il nous faudrait de nouveau manger du fruit de l’arbre de la connaissance, pour retomber dans l’état d’innocence ? »
C’est bien entendu impossible et c’est ce qui fait l’intérêt de ce recueil et de ces réflexions. Goethe sent aussi qu’il se fait tard au soir de sa vie et que l’espèce va décrépir – comme l’argent. On se consolera avec les réflexions anarchisantes et antimodernes de Nietzsche et avec Carl Schmitt qui nous conseillait sur la résistance tellurique – même si la technologie devenue folle (comme l’économie…) va la rendre impossible.
Origines et inspiration[modifier | modifier le code]
Le cimetière anglais, à Florence.
L’Île des Morts évoque en partie le cimetière anglais de Florence, en Italie, où les trois premières versions du tableau ont été peintes. Le cimetière, proche de l’atelier de Böcklin, était également l’endroit où sa petite fille Maria était enterrée (en tout, Böcklin perdit huit de ses quatorze enfants).
L’île grecque de Pontikonisi, près de Corfou, source d’inspiration possible pour le tableau.
Le modèle de l’îlot rocheux est peut-être Pontikonisi, une petite île luxuriante près de Corfou, ornée d’une petite chapelle au milieu d’un bosquet de cyprès6, peut-être en combinaison avec la mystérieuse île rocheuse de Strombolicchio, près du volcan Stromboli. Une autre candidate moins probable est l’île de Ponza, dans la mer Tyrrhénienne.
L’île monténégrine de Saint-Georges, près de Perast, est une autre possibilité comme source d’inspiration pour le tableau de Böcklin.
Michael Webber dit que le tableau a été peint sur le modèle de la baie de Kotor, au Monténégro, qui a également inspiré le compositeur Rachmaninov7. Cette revendication est soutenue par la similitude entre la peinture et l’île de Saint-Georges, près de Perast, qui est bordée de bosquets de cyprès et abrite une église dédiée à saint Georges.
L’île cimetière de San Michele à Venise où l’une des fille de Böcklin est enterrée.
L’auteur n’a jamais confirmé telle ou telle inspiration ; cependant, pendant la création des trois premières versions de L’Île des morts, le peintre vivait près de l’île San Michele située à Venise. Cette île est un cimetière où est enterrée sa fille Béatrice8. Elle est remplie de cyprès et de tombeaux et bâtiments à l’architecture rappelant l’antiquité ; autant d’éléments repris dans l’œuvre de l’artiste. Tous ces indices font penser que le lieu pourrait être une source d’inspiration sérieuse du tableau de Böcklin8.
https://fr.wikipedia.org/wiki/L%27%C3%8Ele_des_morts_(B%C3%B6cklin)